Photos de notre salle multi-sensorielle à l'Université Laurentienne.Dans mon dernier billet, j’ai écrit au sujet du trouble spécifique du langage (TSL) et du TDAH. J’ai aussi parlé de la manière dont le TSL coexiste souvent avec d’autres déficits non linguistiques tels que certaines faiblesses cognitives subtiles, une difficulté avec les habiletés sociales, un trouble d’alphabétisation, un trouble de mémoire de travail et plusieurs autres. En fait, le TSL est souvent accompagné d’autres pathologies. Certains chercheurs suggèrent l'utilisation d'un terme plus large, tel que « trouble neurodéveloppemental », afin de tenir compte de toutes les difficultés qui peuvent coexister. Dans ce billet, j'aborderai la modulation sensorielle comme une des pathologies qui peut coexister avec un TSL.
Qu’est-ce que la modulation sensorielle? En bref, notre cerveau nous permet de recevoir, d’organiser et d’interpréter l’information sensorielle ; soit auditive (sons), visuelle (vision), vestibulaire (équilibre), tactile (toucher ou proprioceptive (ressentir notre propre corps dans l’espace). Certains enfants ont de la difficulté à traiter l’information sensorielle de leur propre corps et de leur environnement. La modulation sensorielle est le processus par lequel le système nerveux régularise les messages neuronaux (de nos sens) des différents stimuli sensoriels autour de nous. Les enfants qui ont un déficit de la modulation sensorielle peuvent réagir à des stimuli qui seraient généralement ignorés par les enfants qui se développent typiquement (p. ex. : bruit de fond). C’est ce qu’on appelle une surréaction sensorielle. D’autre part, il peut aussi y avoir une absence de réponses à certains stimuli. Par exemple, ils peuvent sembler ignorer des bruits ou même des directives verbales. Enfin, certains enfants recherchent et/ou désirent continuellement de l’information sensorielle, par exemple, ils aiment toucher des choses ou bien regarder des lumières brillantes. Notre capacité à moduler l’information sensorielle nous permet de produire une réponse appropriée qui correspond aux exigences et aux attentes de l’environnement. Par exemple, si nous marchions dans une pièce avec un ventilateur qui souffle tout près d’une radio qui joue en arrière-plan, notre corps va souvent s’habituer à la sensation du vent qui souffle sur notre peau ou le son de la musique, et nous pourrons ainsi poursuivre les tâches que nous étions en train de faire. Ce n’est pas toujours le cas pour les enfants qui sont atteints d’une déficience neurodéveloppementale. Les enfants atteints d’un TSL ont souvent de la difficulté à traiter l’information auditive, à apprendre les règles grammaticales du langage et à enregistrer les différents contextes du langage. Ils ont souvent des habiletés sociales faibles, un manque d’attention, des problèmes de motricité fine et globale, une mémoire à court terme faible, des difficultés de planification, d’organisation et de pensées séquentielles, ainsi que de la difficulté à commencer et terminer des tâches. De plus, les difficultés à moduler le montant d’information sensorielle reçu fait en sorte que l’apprentissage du langage est très difficile pour ces enfants. En fait, des chercheurs ont constaté que la parole et le langage sont le produit final de l’intégration sensorielle. L’apprentissage du langage implique beaucoup plus que le simple fait d’apprendre des mots. Le langage, c’est social. Pour comprendre le contexte d’un message, nous devons traiter l’information autour de nous, soit les expressions faciales, le ton de la voix, la posture corporelle, les mouvements des mains, les indices environnementaux, les intentions des autres, etc. Les enfants qui ont des difficultés avec la modulation sensorielle ont aussi de la difficulté avec la compréhension du langage. Qui aurait pensé que le langage était si complexe? Il serait utile de regarder les capacités de modulation sensorielle des enfants qui sont soupçonnés d'être atteints d'un trouble neurodéveloppemental afin de déterminer le diagnostic différentiel. Tel que mentionné précédemment, les enfants atteints du TSL, de l’autisme et du TDAH ont tous des difficultés au niveau de la parole et du langage, mais des recherches ont démontré que ces trois populations ont des difficultés de traitement sensoriel différentes. Dans la cadre d’une recherche, une de mes étudiantes diplômées et moi avons récemment créé une salle multi-sensorielle dans laquelle nous offrons de l’intervention en orthophonie tout en utilisant une approche multi-sensorielle auprès des enfants diagnostiqués avec le trouble du spectre de l’alcoolisation fœtal. Vous pourrez y jeter un coup d’œil, des images ont été ajoutées à cette chronique. En utilisant un profil sensoriel, soit un questionnaire complété par les parents, nous pouvons adapter les stimuli sensoriels selon le profil et les intérêts de l’enfant. Cette salle offre des expériences sensorielles diverses, et ce, à l’intérieur d’une atmosphère relaxante et de confiance, tout en stimulant ou en calmant les sens. Les environnements multi-sensoriels sont très souvent utilisés en physiothérapie ainsi qu’en ergothérapie ; cependant, très peu d’études se sont intéressées aux effets ou à l’efficacité d’une approche multi-sensorielle dans le domaine de l’orthophonie. Nous sommes, pour cette raison, très enthousiastes au sujet de cette étude! Je suis aussi impatiente d’essayer cette approche avec des enfants qui sont atteints du TSL. Je sais avec certitude que ma fille ADORERAIT cette salle! À l’intérieur de cette salle, nous pouvons travailler les habiletés narratives tout en manipulant des objets, du sable kinesthésique et de l’eau. Le sable malléable aide souvent les personnes qui recherchent de l’information tactile. Nous pouvons aussi ajuster les lumières afin de représenter le temps du jour lors de la narration. En fait, nous ajustons les lumières selon les besoins sensoriels de l’enfant. De plus, nous avons utilisé de grosses marionnettes afin de créer des scénarios de situations sociales pour activer la pensée sociale. Nous pratiquons les expressions faciales tout en utilisant le mur de miroirs! La salle est aussi utile pour enseigner les règles sociales. C’est une approche très différente qui exige une certaine adaptation, mais les enfants répondent bien à la salle multisensorielle et ils sont vraiment engagés. Nous y avons inclus un aquarium avec un poisson. Celui-ci aide avec l’enseignement des responsabilités et pour discuter des comportements qui sont attendus ou inattendus (c’est-à-dire avec les animaux). Avec l’aide des différents textiles qui se trouvent dans la salle, nous pouvons travailler les compétences sémantiques tout en catégorisant les objets en fonction de leur apparence, de leur texture et de leur appartenance. En effet, il y a beaucoup de choses qui se passent dans cette salle, mais l’influx sensoriel détend les enfants, que ce soit par la lumière sombre, la musique relaxante ou l’essence de lavande. Les enfants sont capables de se concentrer sur les tâches à effectuer dans un environnement très informel, ce qui est vraiment différent pour les enfants (et pour les orthophonistes) qui sont habitués à un contexte d’intervention en orthophonie très formel, telle que l’école. C’est encore tout nouveau, mais je voulais le partager avec vous! Même avec toute mes recherches et mon expérience personnelle, j’en apprends un petit peu plus sur le TSL tous les jours. Une chose est sûre, si le fait d’exploiter les différents sens pouvait aider ces enfants à apprendre, alors je crois qu’on devrait revoir l’intervention traditionnelle en orthophonie et apprendre davantage sur les profils et besoins sensoriels des enfants. Ceci pourrait nous aider à aider les enfants atteints d’un TSL et de d’autres troubles de communication pour que le monde complexe qui nous entoure fasse du sens. Après tout, nous sommes des êtres sociaux et nous communiquons en utilisant TOUS nos sens, alors pourquoi ne pas utiliser tous nos sens pour enseigner le langage? Matière à réflexion! Je vais vous tenir au courant des résultats de cette étude, donc restez à l’écoute! D’ici là, merci de m’avoir lu! La production de ce projet a été rendue possible grâce à une contribution financière provenant de Santé Canada. Les vues exprimées ici ne représentent pas nécessairement la position oficielle de Santé Canada. Mon prochain billet portera sur mon expérience et mes conclusions du "Child Language Symposium", à Conventry, Angleterre. Chantal Mayer-Crittenden, 2015.
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Lorsque les enfants qui ont un TSL sont aussi atteints du TDAH : un double diagnosticDans un billet précédent intitulé « Mon introduction è la réalité du TSL », j’ai discuté de mon expérience personnelle au sujet du diagnostic de trouble spécifique du langage (TSL) de ma fille. Une partie de mon étude doctorale portait sur l’identification du TSL chez les jeunes enfants monolingues et bilingues qui vivent en contexte minoritaire. J’étais, au départ, assez surprise de constater que ma fille était atteinte d’un trouble de langage, mais au fil du temps, il est devenu de plus en plus évident que plusieurs de ses difficultés étaient dues à des faiblesses au niveau de la compréhension et de la production du langage. Il était aussi évident qu’elle avait des difficultés d’attention, ce qui n’était pas une surprise en soi, puisque cette difficulté est présente dans notre famille. Il est plutôt commun de trouver des enfants atteints d’un double diagnostic d’un TSL et d’un trouble du déficit de l’attention et hyperactivité (TDAH). Le TDAH touche environ 3 à 5 % des enfants d’âge scolaire. Mais une question demeure : qui était là en premier, la poule ou l’œuf? Est-ce que ses difficultés langagières sont causées par l'incapacité à se concentrer sur des détails dans son entourage ce qui fait en sorte que c'était difficile d’acquérir le langage ? Ou, d’autre part, est-ce que ses difficultés langagières ont fait en sorte que c'était difficile de se concentrer en salle de classe ? Il a été démontré que les gens qui ont le TDAH ont de la difficulté à se concentrer sur des choses qui ne semblent pas les intéresser. Ils ont besoin de s'intéresser au sujet pour porter attention. L’importance secondaire; ce que l’enseignant juge comme étant important ne l'est pas nécessairement pour l’enfant. Les recherches qui ont été effectuées auprès de ces deux groupes s'entendent pour dire qu'un double diagnostic est bel et bien possible, mais que les symptômes qui se trouvent dans l'un des deux troubles sont généralement plus frappants et que ceux qui se trouvent dans l’autre sont moins distinctifs. En fait, on pourrait aussi dire que ma fille est atteinte de dyslexie en raison de ses difficultés en écriture. D'autres suggèrent qu’on devrait utiliser un terme plus large tel que « déficience neurodéveloppementale » pour décrire des enfants qui ont d'importantes difficultés et qui nécessitent du soutien ce qui leur éviterait de se retrouver avec deux, trois ou même plusieurs étiquettes. Il est très important que l’enfant ait toute l’attention requise pour réussir. Tel que mentionné précédemment, ma fille a été formellement diagnostiquée comme ayant un TDAH vers la fin de sa première année avec, bien évidemment, l’option de prendre des médicaments pour traiter le TDAH. Nous avons fait beaucoup de recherches à propos du TDAH et des différents types de médicaments disponibles. Certains sites Internet sont mieux que d’autres. Nous avons particulièrement aimé le Tedx Talk de Stephen Tonti, qui a été ajouté à ce billet. Stephen Tonti parle du TDAH comme étant une différence dans l’attention plutôt que d'un déficit d’attention. Il se concentre sur les aspects positifs du TDAH et non sur les aspects négatifs. Nous avons aussi aimé le livre « Scattered Minds » écrit par Dr. Garbor Mate. Ce livre met aussi l’accent sur les « effets secondaires » positifs du TDAH et sur le pouvoir du soutien émotionnel, de la patience et de l’amour. Le podcast ADDitude est aussi intéressant et fort utile. Je vous encourage fortement d’écouter les podcasts suggérés lorsque vous êtes en route pour le travail ou en revenant afin de faire bon usage de votre temps lors de vos déplacements quotidiens. Dans notre cas, un psychostimulant a été prescrit à notre fille afin de l’aider à se concentrer sur ses pensées et à ignorer les distractions. Nous avons décidé de lui donner ses médicaments uniquement les jours d’école et ainsi travailler son autorégulation durant les fins de semaine. Elle n’est pas hyperactive, mais elle a tout de même de la difficulté à porter attention aux choses qui ne sont pas intéressantes ou intrigantes à ses yeux. Un des traits les plus importants du TDAH est que l’attention n’est pas déficiente, mais inconsistante. En fait, les gens atteints d’un TDAH sont génétiquement et neurologiquement programmés d’une différente façon que les gens qui ont un développement neuro-typique. Lorsqu'ils sont dans leur « bulle », ils peuvent souvent devenir hyper-concentrés sur une tâche en cours. Ma fille a un faible contrôle de ses impulsions et a des difficultés avec la régulation de ses émotions. Nous travaillons sur ceux-ci à la maison lorsqu’elle ne prend pas ses médicaments. Ces difficultés sont très communes chez les personnes atteintes du TDAH puisque celles-ci réagissent souvent très fortement à n’importe quel type de rejet et peuvent mener à des vies très intenses en émotion. Je ne changerais quand même rien à ma fille. J’aime son point de vue unique sur la vie et j’apprends beaucoup d’elle chaque jour, à travers les hauts et les bas de sa vie quotidienne. C’était une décision difficile, mais au bout du compte, nous étions contents d'avoir choisi de traiter son TDAH à l’aide de médicaments pour améliorer son apprentissage scolaire. Auparavant, elle prenait du retard sur ses pairs en lecture et en écriture. À l’intérieur de deux mois, elle a rattrapé ses pairs avec sa lecture, bien qu'elle ait encore de la difficulté en langage écrit, ce qui est en partie dû à ses difficultés visuo-perceptuelles et à son TSL. Ma fille est consciente de son diagnostic et reconnaît les avantages de prendre ses médicaments. Nous avons oublié de lui en donner quelques fois, ce qui n’était pas une si mauvaise chose puisqu’elle a réalisé que porter attention à la leçon était beaucoup plus difficile (sans ses médicaments), et cela, à l'âge de 7 ans. Depuis le diagnostic formel du TDAH, ma fille a formellement été identifiée par le comité d’identification, de placement et de révision (CIPR) de son école. Le CIPR décide si l’élève est un élève surdoué ou en difficulté et, le cas échéant, le type de programme qui lui conviendrait le mieux. Il s'agit de travail collaboratif de la part de l’enseignante, l’enseignante ressource, le directeur, la conseillère spéciale en éducation et moi-même. Nous étions très chanceux d’avoir une si merveilleuse équipe. Toutes les personnes autour de la table voulaient ce qui était le mieux pour ma fille, ce qui a rendu le processus plus facile et très positif. Elle reçoit maintenant de l’intervention en orthophonie à l’école et en privée, elle va au centre de ressource (ou le “club” comme ils l’appellent) pour travailler les mathématiques, et elle a du temps supplémentaire pour compléter certaines tâches. Son enseignante a même trouvé des manières innovantes pour la motiver à porter ses belles nouvelles lunettes chaque jour. Bravo à elle! Elle est entourée de personnes qui l’aiment et qui ont une attitude formidable auprès de son double diagnostic. Je sais qu’elle peut le ressentir. Elle est tellement une enfant heureuse qui aime aller à l’école, malgré ses difficultés. Alors oui, ma fille est atteinte d'un TSL et d'un TDAH, et peut-être même de la dyslexie, mais elle apprend à sa propre vitesse et selon ses intérêts. Je travaille avec elle, tous les jours, sur quelques-unes de ses difficultés. Parfois, elle ne le réalise même pas, car pour elle, nous faisons que jaser! J’ai aussi travaillé en étroite collaboration avec son orthophoniste et ses enseignants pour leur expliquer, en tant que parent et défenseur, comment ma fille apprend et exploite ses forces. Comme clinicienne et chercheuse, cette expérience m’a ouvert les yeux à un tout nouveau monde. Les enfants peuvent apprendre, malgré tous les défis auxquels ils font face. Nous devons exploiter leurs forces, développer leur estime de soi, nous concentrer sur les aspects positifs et les aider à entrer dans leur « bulle ». L’estime de soi et la socialisation n’est pas toujours facile! Une étude menée plus de 20 ans passés a démontré qu'à l’âge de 12 ans, les enfants atteints du TDAH ont entendu 20 000 fois plus de messages à connotations négatives au sujet de leur comportement que les enfants neuro-typiques. Quelle idée effrayante! J’essaye de toujours me souvenir que lorsque les choses deviennent difficiles, il faut que je choisisse mes mots très prudemment. Les enfants atteints d'un TDAH sont tout aussi extraordinaires que les autres enfants. Nous devons nous concentrer sur leurs forces! Ce fut un trajet exceptionnel et j’ai hâte de le poursuivre dans les années qui suivent. Tel que mentionné, l'apprentissage du langage est difficile pour les enfants qui ont un double diagnostic. D’autant plus que le langage est employé dans les cours de mathématique, de français, d'études sociales, d’éducation physique, à l’extérieur de la cour d’école… il est retrouvé partout autour de nous! Est-ce que j’ai mentionné que ma fille est bilingue aussi ? Apprendre une langue seconde représente un combat pour elle, mais elle l’apprend du mieux qu’elle peut. Elle a su surpasser mes attentes à de nombreuses reprises! Pensez à tous les avantages cognitifs qu’elle obtient en apprenant une langue seconde! Je vais en discuter bientôt. Pour d’autres billets, si vous avez des suggestions, S.V.P. sentez-vous libre de me les faire parvenir! Par Chantal Mayer-Crittenden, 2015. Qu’est-ce qu’une langue patrimoniale et pourquoi peut-elle parfois être difficilement acquise?4/7/2016 Dans une communauté où l’anglais est la langue dominante, il peut être difficile de présenter une langue minoritaire ou une langue patrimoniale à votre enfant. Une « langue patrimoniale » est un terme utilisé pour identifier les langues autres que la langue dominante dans une communauté. Dans ce billet, je vais vous raconter ma propre expérience par rapport à la présentation de la langue française à mes enfants dans une communauté où l’anglais est la langue dominante. Cependant, si vous lisez ce billet et que vous parlez une langue patrimoniale différente, je vous encourage à écouter les épisodes 41 et 51 sur le « Bilingual Avenue » avec Marianna Du Bosq. En grandissant dans un environnement catholique français, j’ai été exposée à plusieurs activités culturelles et traditionnelles francophones. Nous avons fait de la tire au mois de novembre pour la fête de la Sainte-Catherine, nous avons mangé des tourtières et nous avons même fait un réveillon la veille de Noël. Plusieurs de mes tantes et de mes oncles ont chanté des chansons folkloriques en jouant « de la cuillère » (et oui, je veux dire des cuillères de cuisine!) et divers instruments. Je chéris ces souvenirs et je tente de les transmettre à mes propres enfants. J’ai aussi de très bons souvenirs à essayer de comprendre la signification des expressions bizarres de ma mère qui elles, provenaient de sa mère. Plusieurs de ces expressions perdent la valeur de leur signification lorsqu’elles sont traduites vers une autre langue, ça ne fait donc plus de sens lorsque j’essaie de les expliquer en anglais. Pour une raison quelconque, elles me sont importantes et sont souvent partagées par mes amis franco-ontariens. Ce n’est que lorsque la relation avec mon mari a débuté que j’ai découvert le pouvoir de la culture. C’était parfois difficile de lui expliquer certaines traditions et la raison pour laquelle elles occupent une place spéciale dans mon cœur. Mon mari a aussi ses traditions, qui sont elles aussi partagées par plusieurs anglophones autour de nous. Lorsque deux personnes avec un passé culturel et linguistique différent se rencontrent, il est primordial de faire des compromis. C’est inévitable. Tous deux apportent à la relation des bagages, des expériences et des attentes différentes. Les choses viennent un peu se compliquer lorsque les enfants sont ajoutés à la scène. C’est une chose de décider les langues qui seront utilisées, mais c’en est une autre de décider les cultures et les religions. Le livre « Mixed Blessings : A Guide to Multicultural and Multiethnic Relationships » par Rohda Berlin et Harriet Cannon est une très bonne ressource. Ce livre aborde la manière dont les couples peuvent apporter différentes langues, cultures et religions à leur relation, et ce, sans conflits. Elles parlent aussi de l'importance de respecter la culture associée à la langue de l’autre et de faire des compromis. Vous pouvez écouter l'épisode 41 avec Harriet Cannon dans le « Bilingual Avenue » intitulé « Strategies to help you navigate multicultural and multiethnic family relationships », celui-ci offre de précieux conseils. Selon moi, une langue patrimoniale comprend une valise pleine de traditions et de cultures. Ce n’est pas seulement d’un code linguistique que nous parlons; c’est aussi tout le bagage qui s’y rattache et qui est transmis d’une génération à une autre. Je l’ai même vu sauter une génération; où les parents viennent d’un environnement dans lequel la langue patrimoniale était parlée, mais pour une raison quelconque elle n’a pas été transmise. En espérant donner une langue patrimoniale et une culture en cadeau à leur propre enfant, ils décident de les élever dans un milieu bilingue et biculturel, même si eux-mêmes ne parlent pas cette langue patrimoniale. Dans ces situations, les parents doivent souvent se fier aux grands-parents et au système scolaire pour enseigner la langue et la culture. En fait, plusieurs des camarades de classe de mes enfants parlent la langue patrimoniale de troisième génération qui n'est pas parlée par les parents (ou qui ne sont pas fluides). Plusieurs familles, comme la mienne, décident d’élever leurs enfants dans un milieu bilingue ou biculturel. Choisir de présenter la langue patrimoniale d'un des partenaires à ton enfant n’est pas toujours une décision qui implique une grande réflexion. Cependant, ce n’est pas si facile qu’on le croirait. Il faut de la persistance et de l’engagement. Je crois qu’il est aussi important de parler des cultures à nos enfants, et ce, dès leur jeune âge. Expliquer pourquoi les deux côtés de la famille font les choses différemment. Les enfants ne peuvent que bénéficier d'être exposés à différentes cultures. Une fois que les enfants sont un peu plus âgés (environ 5 ans et plus), vous pouvez commencer à leur expliquer pourquoi la langue patrimoniale occupe une place spéciale à l'intérieur de votre foyer. Vous trouverez que ça deviendra une partie de leur vie quotidienne et que ça finira par être un phénomène naturel pour eux. Je me suis souvent fait approcher par des enfants monolingues anglophones au parc ou ailleurs qui me demandaient: « Pourquoi ta fille parle-t-elle français? ». Cela me rappelle que ce n’est pas tous les enfants qui apprennent deux langues et que c’est notre devoir, comme parent, d’expliquer l’importance de cela à nos enfants. Laissez votre enfant être un participant actif dans son propre trajet dans l'apprentissage d'une langue. Votre enfant réalisera, éventuellement, que vous lui avez fourni un double cadeau de langues et de cultures. L'engagement envers notre langue patrimoniale est aussi très important. Comme j’en avais parlé dans mes billets antérieurs, c’est notre devoir de parent de s'assurer que nos enfants soient suffisamment exposés à cette langue. Ce n’est pas toujours facile dans une communauté anglo-dominante. Le « Multilingual Parent Website » contient des conseils très utiles sur la manière de motiver votre enfant à parler une langue minoritaire. Cliquez ici pour en savoir davantage. Ce qui est encore plus important c’est de rendre cette langue AMUSANTE! Si votre enfant fréquente une école de langue patrimoniale, essayez de trouver du temps pour faire des activités amusantes en l'utilisant au lieu de la réserver aux devoirs. C’est aussi important de faire des sorties ou même d'aller dans un pays où les membres de cette communauté parlent la langue patrimoniale. Exposition, exposition, exposition, mélangée avec une grosse cuillerée de plaisir et une goutte d’ouverture d’esprit font une excellente recette de succès quand vous élevez vos enfants dans un environnement bilingue et biculturel! Merci d'avoir lu mon blogue et surveillez bien mon prochain billet concernant mon expérience avec le diagnostic double du trouble du langage et du TDAH. Par Chantal Mayer-Crittenden, 2015. |
AuteureChantal Mayer-Crittenden, Ph.D., SLP Reg CASLPO Archives
July 2018
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